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3 questions à Sandra Brancato, Pédiatre

Le Dr Sandra Brancato est pédiatre et membre du groupe nutrition de l’AFPA, l’association française de pédiatrie ambulatoire. Elle répond aujourd'hui à 3 questions sur le lait infantile.
3 questions à Sandra Brancato, pediatre

Le Dr Brancato est Pédiatre ambulatoire depuis 2004. Elle accompagne les familles sur de nombreux sujets comme notamment le suivi des nourrissons vulnérables, la gastro-entérologie et la nutrition pédiatrique. Elle exerce dans son cabinet à Brignon, et intervient également en maternité.

Après avoir collaboré avec le SFAE dans le cadre l’Etude Nutri-Bébé 2022, le Dr Brancato nous fait aujourd’hui l’honneur de répondre à 3 questions autour du lait infantile. Quels sont les besoins de bébé, comment est constitué le lait infantile… Vous saurez tout ! 

Quelle est l'importance des acides gras essentiels dans la nutrition des nourrissons, et comment sont-ils présents dans le lait infantile ?

Les lipides sont des macronutriments indispensables aux nourrissons, ils apportent de l’énergie et doivent représenter entre 45 et 50 % de la ration énergétique quotidienne du nourrisson et 40 à 45 % chez l’enfant de 1 à 3 ans.

Parmi les lipides, les acides gras essentiels (AGE) sont ceux qui ne sont pas fabriqués par l’organisme, ils doivent donc être apportés par l’alimentation. Les AGE sont l’acide linoléique (omega 6) et alpha-linolénique (oméga 3). Ce sont les précurseurs des acides gras polyinsaturés à très longue chaîne (AGPI-LC) :

– EPA ( EicosaPentaenoic Acid) et DHA (DocosaHexaenoic Acid) pour les oméga 3.

– ARA (Arachidonic Acid) pour les oméga 6.

Le lait maternel est un produit biologique parfait qui contient ces AGE. Le lait de vache lui en contient peu.  Il est donc indispensable pour les laits infantiles – le plus souvent fabriqué à base de lait de vache – d’ajouter ces lipides indispensables dans la recette afin de répondre aux besoins du nourrisson.

Ces AGE sont apportés par des huiles végétales et par l’ajout de DHA, obligatoire depuis 2020. L’ajout d’ARA n’est quant à lui pas obligatoire, toutefois l’ensemble des nutritionnistes pédiatres prônent l’utilisation de laits infantiles qui en contiennent, notamment dans les préparations pour nourrisson (lait 1er âge).

Les taux de lipides dans les laits infantiles sont définis par la réglementation européenne (Acte délégué (UE) n°2016/127).

Le taux de lipides dans le lait maternel est de 3,5 g / 100 ml, ainsi des taux équivalents sont attendus dans les laits infantiles dont la moyenne est de 3,4 g / 100 ml.

Le lait de vache contient le même taux de lipides que le lait maternel et les laits infantiles, cependant le lait de vache est très pauvre en AGE et il ne convient pas à l’équilibre nutritionnel des jeunes enfants de moins de 3 ans.

Comment les besoins en fer des bébés sont-ils pris en compte dans la formulation du lait infantile - en particulier du lait de croissance ?

Le fer est indispensable à la croissance et au développement neuromoteur des nourrissons. La carence en fer entraîne l’anémie ferriprive mais également une altération de développement neuro-psycho-moteur malheureusement irréversible.

Les 4 à 6 premiers mois de vie, le nourrisson né à terme et en bonne santé utilise son stock de fer accumulé pendant le 3ème trimestre de la grossesse et ré-utilise le fer libéré par la destruction des globules rouges.

Au-delà de 4 à 6 mois, les apports en fer par l’alimentation sont indispensables et seront principalement assurés par les laits infantiles et par l’alimentation diversifiée. Les taux de fer dans les laits infantiles sont également définis par la réglementation européenne (acte délégué (UE) n°2016/127).

Les pédiatres préconisent la consommation des laits infantiles jusqu’à 3 ans notamment pour palier le risque de carence en fer délétère dans la petite enfance. Il est à rappeler que le lait de vache ne contient pas de fer et qu’environ 30% des enfants de moins de 3 ans ont des apports en fer inférieurs aux apports recommandés par l’EFSA (Autorité européenne de sécurité des Aliments).

Les laits de croissance permettent de corriger le déficit en fer induit par des apports alimentaires non adéquats.

Comment les protéines du lait infantile sont-elles sélectionnées et traitées pour assurer une digestibilité optimale ?

Les protéines des laits infantiles destinés aux nourrissons en bonne santé sont issues soit du lait de vache, soit du lait de chèvre.

La protéine de référence est celle du lait de mère. Bien entendu, les protéines bovines et caprines ne sont pas identiques aux protéines de la mère. Il a donc fallu adapter l’aminoacidogramme (« structure » des protéines) pour garantir la sécurité nutritionnelle notamment sur le plan des acides aminés (AA) essentiels et semi-essentiels.

Là encore, les taux de protéines et d’ajout des acides aminés essentiels et semi-essentiels sont encadrés par la réglementation européenne.

Le lait de mère a un taux de protéines bien inférieur à celui du lait de vache : seulement 0,8 à 1 g / 100 ml contre 3,5 g / 100 ml. Le lait maternel est composé d’environ 40% de caséines et 60% de protéines solubles. Les laits infantiles ont donc des taux de protéines à respecter et doivent se situer dans une fourchette entre 1,2 et 1,7 g / 100 ml.

Il est actuellement difficile de diminuer davantage sans prendre le risque d’un déficit sur certains acides aminés essentiels. La variation entre caséines et protéines solubles est différente suivant les laits infantiles : la caséine varie de 0% (ce sont des laits infantiles qui ne contiennent que des protéines solubles) et 80% (lait infantile riche en caséines).

La digestibilité et la tolérance digestive varient selon les nourrissons et le médecin pourrait être amené à proposer un autre lait infantile présentant un taux de caséines différent par exemple :

– Un taux de caséines plus élevé pour un enfant qui présente des difficultés à être rassasié.

– Un taux de caséines plus faible pour un enfant qui présente une constipation.

Le lait de vache contient 3 fois plus de protéines que le lait maternel. Il est recommandé de maintenir la consommation de lait infantile jusqu’à 3 ans pour limiter l’apport en protéines dont l’excès serait délétère pour la fonction rénale et pourrait être responsable d’un excès pondéral en grandissant.

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